Malgré un intérêt croissant pour les constructions passives, de nombreux maîtres d’ouvrages, comme nous, doivent surmonter plusieurs difficultés dès le début du projet de construction :
Trouver un architecte compétent et expérimenté
Quand il projette une maison passive, le concepteur (architecte) est tenu par l’obligation de se conformer aux critères de la norme. Il doit donc aborder le projet dans sa globalité, non seulement par rapport à sa réalisation mais aussi par rapport à son fonctionnement. Dans la phase d’ébauche, le client et l’architecte se retrouvent autour d’une table pour cerner ses desiderata, identifier les contraintes et valoriser les potentiels du projet. Dès le départ, des questions comme celles des économies d’énergie ou de la qualité de vie sont à prendre en
considération aussi tôt que possible.
Cette réflexion globale fait donc appel à des compétences très spécifiques de l’architecte qui doit être à même d’exploiter les outils d’aide à la conception d’un bâtiment passif tels que PHPP (Passivhaus Projektierungs Paket) et THERM (voir section « conception – études préalables »). Ces deux derniers sont indispensables à la conception, la planification et l’optimalisation des maisons passives. Tous les facteurs ayant des influences mutuelles sur le projet sont pris en considération simultanément et scientifiquement. Les outils PHPP et THERM permettent donc de réaliser une projection des résultats attendus pour l’ensemble des aspects du projet influençant les 3 critères passifs.
Trouver un entrepreneur compétent et expérimenté
Il a été particulièrement difficile de trouver un entrepreneur compétent et expérimenté pour la mise en oeuvre de notre projet. Si de plus en plus d’entrepreneurs s’orientent vers la construction basse énergie (demande croissante), la majorité de ceux-ci est encore très frileuse quand il s’agit d’un projet passif. Serait-ce lié à l’obligation de résultat exigée par l’architecte ou par le manque d’expérience en la matière ?
Toujours est-il que les rares entrepreneurs qui acceptent de mettre en oeuvre des projets passifs sont souvent spécialisés dans une technique de construction qui a déjà fait ses preuves sur des chantiers précédents (ossature bois, maisons en bois sur mesure, voiles de béton coulés, …) et n’acceptent pas (ou difficilement) de réaliser le projet suivant les techniques prescrites par l’architecte si celles-ci sont différentes des leurs.
Bien qu’on ait fini par trouver des entrepreneurs compétents qui voulaient bien mettre en oeuvre le chantier suivant les techniques de notre architecte, une nouvelle sélection s’est encore opérée lorsqu’ils nous ont fait part de leur expérience. Il a clairement été mis en évidence que la réussite d’un projet passif est conditionnée par une mise en oeuvre rigoureuse et soignée tout au long des étapes de fabrication afin de garantir l‘étanchéité. Cela ne peut être obtenu que si la main d’oeuvre est sensibilisée et expérimentée dans ce type de construction.
Assumer un investissement financier important
L’aspect financier constitue certainement un des freins qui pèse le plus dans la balance lorsqu’on choisit de construire passif. En effet, l’investissement de départ est bien plus élevé que pour une maison traditionnelle ou basse énergie. Les frais supplémentaires sont surtout liés au coût des matériaux nécessaires à l’isolation thermique, au coût de la mise en oeuvre, au coût des études et tests spécifiques (PHPP, PT et blowerdoor) et au fait que la demande est supérieure à l’offre.
Cependant, ce surcoût doit être vu par le candidat bâtisseur comme un investissement plutôt que comme une dépense supplémentaire. En effet, l’analyse de la rentabilité d’une construction passive doit être considérée dans une vision à long terme et dans un contexte écologique et économique bien précis. Des études ont montré que le surinvestissement consenti au moment de la construction est compensé par les économies d’énergie qui sont réalisés à postériori lors de l’occupation d’une telle habitation.
Accepter certaines contraintes architecturales
Lorsqu’on choisit de construire passif, le projet doit être intégré dès le début dans une réflexion particulière orientée suivant les principes de base . Par conséquent, la réflexion démarre déjà au moment de la recherche du terrain à bâtir.
En effet, les prescriptions urbanistiques liées à ce terrain conditionneront l’orientation, la forme, les dimensions et le choix des matériaux de la maison. De plus, l’environnement direct influencera également l’ensoleillement (arbres ou bâtiments faisant de l’ombre) et l’exposition des façades (la façade sud, très ouverte ne doit pas être trop exposée aux regards).
Les principes d’isolation thermique et d’apport d’énergie gratuite ont des implications au niveau esthétique ; le bâtiment sera compacte et présentera des façades fermées au nord et ouvertes au sud.